Les institutions : des outils pour faire progresser l'enfant

  • Le quoi de neuf "Lo que de nòu" : C'est en général la première institution mise en place dès la petite section de maternelle. Il a lieu une à deux fois par semaine et fait le lien entre l'école et la maison. C'est un temps d'expression et d'échange à partir du vécu et de l'imaginaire des enfants. C'est généralement là que les enfants commencent à parler occitan à l'aide des phrases rituelles de cette période.
     
  • Le bilan météo "Lo bilanç meteo" : Il se fait au cours du regroupement de fin de journée. Les enfants expriment par un geste (main ouverte : soleil ; main fermée : nuage) leur vécu de la journée. Cette institution prépare le conseil.
     
  • Le conseil "Lo conselh" : C'est l'institution de régulation et de décision. Il comporte des règles précises. Lever la main pour prendre la parole, ne pas couper la parole, écouter les autres. Un président donne la parole et mène le conseil, un secrétaire note les noms de ceux qui veulent parler et ce qui est dit. Le conseil se compose de plusieurs temps : les informations, les propositions, les questions, les critiques et les félicitations. C'est là que sont décidées les lois de la classe. Il se met en place dès la moyenne section de maternelle.
     
  • Les métiers "Lo mestiers" : Il s'agit de la prise en charge par les enfants de tâches collectives adaptées à leur âge comme par exemple : la création des étiquettes, le soin aux plantes ou la participation à la préparation du goûter. Les métiers permettent de responsabiliser l'enfant. Ils sont effectués lors de moments définis de la journée ou de la semaine. C'est en conseil que se fait le choix des métiers.
     
  • Les ateliers "Lo talhers" : Les activités sont choisies par les enfants parmi plusieurs propositions. Le système d'ateliers permet à l'élève d'avoir des relations de groupe avec un ou deux enfants et de s'y situer ; de réellement choisir selon ses désirs et ses goûts entre plusieurs activités.
     
  • Les ceintures "Lo cintas" : Elles permettent l'auto-évaluation des enfants. Elles sont progressivement mises en place au fil des classes. La première, mise en place en fin de petite section, est généralement celle du comportement. Mais des ceintures existent en mathématique, lecture, écriture, orthographe.
     
  • La monnaie "La moneda" : Une monnaie interne à la classe ou à l'école permet de réguler les problèmes et de valoriser les enfants. Cette monnaie peut être gagnée par l’effort et le travail scolaire, les métiers ou par la vente au marché. Elle sert à acheter au marché mais aussi à payer les amendes dont les modalités sont fixées au conseil.
     
  • Le marché "Lo merchat" : Il a lieu une fois par semaine et permet d'acheter ou de vendre ce que l'on veut : des dessins, des objets fabriqués en classe ou à la maison.
     
  • Le journal "Lo jornau" : Créé par les enfants, il est diffusé périodiquement. Il permet aux enfants de communiquer leurs créations (textes libres), d'informer sur leur vie de groupe, de socialiser les écrits.
     
  • La correspondance "La correspondença" : Un échange individuel ou collectif avec un autre groupe qui se concrétise par divers moyens : écrits, dessins, créations, rencontres. Elle permet de placer l'enfant dans une situation de rencontre, de création, d'exploitation de l'écrit.
     
  • Les classes de découverte "Las classas de descuberta" : Des séjours proposés par les enseignants durant l'année scolaire. Le séjour est préparé avec les enfants. Ceux-ci développent l’autonomie et mettent en avant une expérience de groupe très forte qui sera exploitée au retour à l’école.

Explications en images :

"Comment penser une "pédagogie de la réussite" avec un système de notation qui fonctionne à l'exclusion comme la machine fonctionne à la vapeur? Ce système a été dénoncé, plus ou moins de la même manière, par bien des pédagogues... Je suis très attaché, pour ma part, à la proposition de Fernand Oury et de la " pédagogie institutionnelle" qui consiste à mettre en place des barèmes sur le principe des ceintures de judo. C'est une formule qui pourrait être utilisée très largement et à tous les niveaux : elle permet de retrouver le sens de "l'épreuve" et sa dimension initiatique, elle favorise le respect du niveau de chacun et l'organisation de l'aide pour l'aider à progresser".

Philippe Mérieu, Professeur à l'université Lumière-Lyon 2